Commission de travail SAP du 24 février 2009 : Comment financer sa franchise de services à la personne ?
Le marché des services à la personne ressemble à une forêt dans laquelle existe une hétérogénéité d’activités au regard de la quantité de services proposées et de la clientèle.
C’est donc un concept un peu flou notamment au regard de notre législation.
Premièrement, la loi distingue les services à la personne et les services dits « à domicile ». Or, en réalité, cette distinction n’a pas lieu d’être car les services dits « à domicile » ne sont rien d’autres que des services à la personne. La loi Borloo a voulu remédier à cette complexité mais n’a pas réussi à y mettre un terme, cette distinction n’a pas disparu de notre législation.
Au regard du régime, la plupart des lois françaises ont été faites en réaction aux abus commis au XIXème siècle pour protéger l’ouvrier contre le puissant industriel. Or, en matière de services à la personne, cette analyse est tronquée et nos lois sont donc inadaptées pour régir ce type de relations. A l’inverse de son objectif et par absence de flexibilité, la loi favorise la précarité dans ce domaine. Aussi, un nombre important de personnes qui travaillent dans ce secteur d’activité doivent cumuler plusieurs emplois et donc plusieurs régimes différents, ce qui manque éminemment de cohérence !
Pour développer une franchise de services à la personne, il est nécessaire de bien se préparer car outre le choix du financement, cela requiert un grand investissement humain.
Cinq étapes ou cinq phases se dessinent pour lesquelles le passage de l’une à l’autre est délicat :
- La première phase est celle de l’expérimentation au cours de laquelle on essaye de modéliser son concept afin de lui donner corps.
- La seconde étape est celle de la réplique ou du développement. Pour franchir le seuil d’accélération et obtenir un développement exponentiel, il faut concevoir la réplique comme un développement structuré. Or, cette dernière coûte de l’argent (il faut notamment déposer sa marque à l’INPI mais aussi et surtout faire une recherche saine et approfondie du concept). L’un des éléments clés de cette étape réside dans la formation d’un animateur ou pilote. Selon les spécialistes présents, six mois sont nécessaires pour une bonne formation.
- La troisième étape est la poursuite de la structure et de son développement car beaucoup de franchises meurent dans les cinq années de leur création.
- La quatrième étape est celle de l’internationalisation du concept.
- La cinquième et dernière étape peut être celle de la vente de son entreprise au moment opportun pour en retirer le maximum de bénéfices… et ainsi organiser sa transmission.
Table ronde sur le « Private Equity » ou les différentes sources permettant de financer sa franchise :
- La première phase consiste dans la recherche des diverses aides et subventions.
- Ensuite, pour financer son investissement, on a souvent recours aux banques notamment au travers du mécanisme que constitue le crédit-bail. Ce recours intervient aussi pour financer le bas de bilan lorsque l’entreprise a un « besoin de financement ». Cependant, il est bon de constater que lorsque le business modèle est solide, l’entreprise n’a pas besoin de faire appel aux banques pour son BFR (Besoin en Fonds de Roulement). Elle est, elle-même, génératrice de ressources et dispose donc d’une avance de trésorerie, ce qui est un avantage certain, en particulier dans le climat actuel de crise économique où le prêts bancaires sont plus timides.
- En présence de purs problèmes de financement, on peut avoir recours à plusieurs types d’investisseurs. Premièrement, on peut s’adresser à ses amis ou sa famille.
Deuxièmement, à des « Business Angels » (entrepreneurs expérimentés) qui apportent le financement d’amorçage et du conseil.
- Depuis la loi TEPA du 21/08/2007, un dispositif particulier encourage l’orientation de l’épargne des ménages vers les capitaux propres des PME françaises en transformant l’ISF en patrimoine d’où une nouvelle source de financement pour ce type d’entreprises (cf compte-rendu de M. Thierry Lopez, Conseil Financier présent à la réunion).
- Un autre source plus connue est celle du capital-investissement, qu’il s’agisse du risque, du développement, de la transmission ou du retournement, ces partenaires de confiance accompagnent financièrement le projet sur une durée limitée et recherchent une performance sur cette période.
- Les compagnies d’assurance et caisses de retraites représentent, quant à elles, des partenaires stratégiques (longévité) mais peuvent se révéler dangereuses lorsqu’elles reprennent l’idée à leur propre compte pour en faire notamment des « packagings ».
- L’introduction en bourse a l’avantage de la notoriété en développant la marque mais présente plusieurs contraintes (coût : 50% de frais d’introduction en bourse, contrôle de l’AMF, volatilité…). Aussi, il est fortement recommandé de ne pas y avoir recours trop tôt, c’est-à-dire qu’il ne faut pas y aller avant d’avoir franchi la deuxième étape susmentionnée, à savoir le seuil d’accélération.
Un autre investisseur est envisageable mais encore au stade de projet, celui des fonds dédiés aux réseaux de franchise.
Autres conseils de succès pour que votre dossier de financement aboutisse, il faut travailler et mettre l’accent sur :
- la qualité des hommes et du projet bien entendu,
- la pérennité du projet qui passe entre autres par la recherche d’un équilibre entre franchiseur et franchisé,
- la présentation du dossier, on ne doit aller voir un investisseur que lorsque l’on est prêt !
Autre écueil que l’on doit éviter à tout prix : présenter des business plans irréalistes, le but des investisseurs est de participer à un projet concret et solide.
Enfin, il est conseillé de ne pas perdre trop de temps dans les négociations sur l’ouverture du capital, celles-ci doivent être rapides pour aboutir de façon positive.
Aujourd’hui, encore plus qu’hier, un examen minutieux et précis du dossier de financement est un passage inévitable pour les investisseurs. Il est donc vivement conseillé de présenter un dossier solide et complet, et à ce titre d’être accompagné (notamment par un conseil financier) afin de pouvoir obtenir les financements nécessaires à la concrétisation de son projet. Dans cet extraordinaire outil de leviers que représente la franchise, le partenaire de marché ou investisseur est avant tout un choix qu’il convient de ne pas négliger !
Une fois le démarrage accompli, il faut rapidement penser à la suite en mettant en place des systèmes d’information et de suivi (reporting), en préparant l’introduction en bourse, les transmissions au moins deux ans à l’avance, comme l’a fait par exemple « PC 30 »…
Derniers petits conseils de notre expert M. Thierry Lopez, présent à la réunion en guise de conclusion, il faut surveiller de très près et au jour le jour le bas de bilan pour sauvegarder du chiffre d’affaire et de la trésorerie ; utiliser les différentes sources de financement en fonction de son état de d’avancement dans le projet de développement ; et rester optimiste malgré le contexte économique car le développement sous forme de franchise demeure favorable !
Consulter l’intervention de M. Thierry Lopez
1. Les différentes sources de financement
Aides, subventions… en début de parcours mais également au cours de la vie de l’entreprise. Des conseils spécialisés peuvent vous aider à les trouver et à préparer le dossier d’obtention.
Le banquier
- Pour l’aide à l’investissement, le crédit-bail
- Pour financer le bas de bilan, mais mieux encore : travailler le business model pour ne pas être en besoin de financement/BFR mais en génération de financement/RFR (cf abonnements, paiement par avance …)
Point particulier : éviter les cautions personnelles
L’investisseur
- « Friends and family » dont la recherche de rendement n’est pas la seule priorité
- Business Angels (entrepreneurs expérimentés) qui apportent le financement d’amorçage et du conseil
- Focus sur la loi TEPA (n°2007-1223 du 21/08/07) : orienter l’épargne des ménages vers les capitaux propres des PME françaises en transformant son ISF en patrimoine.
Particuliers :
- investissent en direct ou via des fonds de mutualisation ISF (FIP, FCPR, FCPI)
- doivent alors conserver les titres au minimum jusqu’au 31/12 de la 5è année de l’investissement et moins de 50 associés ou actionnaires
- peuvent apporter jusqu’à 2.5 M€ par périodes de 12 mois glissant.
Pour qui : - Sociétés soumises à l’IS
- Etre une PME européenne :
- Siège social dans un Pays de l’Union européenne (pas la Suisse)
- effectifs < 250 personnes, CA ? 50 M€ ou Total Bilan ? 43 M€
- Non cotée sur un Marché réglementé (Alternext ou Marché Libre)
- Etre en phase d’amorçage, de démarrage ou d’expansion ; donc pas en difficulté
Capital Investisseur (minoritaire ou majoritaire)
- Risque
- Développement
- Transmission
- Retournement
Accompagnent financièrement sur une durée de temps limitée et recherchent une performance sur cette période. Bien choisir son investisseur : partenaire de confiance, apports autres que financiers…
Partenaire stratégique : Compagnie d’assurance, Caisse de retraites cf acquisition d’Age d’Or par CNP, AXA Assistance actionnaire majoritaire d’Adhap et minoritaire de Family Sphere…
- Bien mesurer la perte de « contrôle » du projet contre l’avantage du partenariat stratégique
- A la trop forte concentration et dépendance à un acteur
Le marché financier
- Apporte de la notoriété utile pour l’activité et le recrutement de compétences
- Mais attention aux contraintes (coûts, réglementaire, volatilité…)
- Ne pas y aller avant le seuil d’accélération
2. La recherche et mise en place des financements
Vous accéderez au financement sur :· La qualité des hommes et du projet bien entendu
- Primordial : le modèle doit offrir de la pérennité (cf développement en interne puis développement du concept par la franchise avec un modèle financier permettant au franchisé de développer un modèle économique rentable) – solidité des hypothèses du prévisionnel et profitabilité du franchiseur ET du franchisé
- Ne partir à la recherche des financements que quand le projet est prêt ; porter une grande attention à la qualité du dossier de présentation
2 points particuliers :
- La valeur et le prix : attention aux vendeurs d’illusions. Ne pas trop rêver sur les « retraitements ». Ne pas perdre trop d’énergie en négociation vous détournant de votre métier de base : le SAP.
- La dette est inaccessible pour les projets tendus, en particulier en ce moment pour les 9 à 18 mois prochains.
Les processus :
- 1ère connaissance, analyse
- Lettre d’intention
- Comités
- Audits et finalisation de la documentation (Pactes d’actionnaires)
- Durée du processus : de 3 à 9 mois, actuellement de quelques semaines (mais attention aux conséquences) à 18 mois
Possibilité de créer des fonds dédiés au financement des franchises (à voir ultérieurement)